Une
référence-phare pour l'usine Eiffel
LAUTERBOURG
(AFP), le 14-12-2004
Le viaduc de Millau est le point-phare
d'une longue liste de références pour la société
Eiffel de Lauterbourg qui a assemblé 2.078 panneaux pour
former le tablier de 2.460 mètres de l'ouvrage entre
janvier 2002 et mars 2004.
Le pont de tous les records aura apporté 280.000 heures
de travail au total, représentant les deux tiers de
lactivité du site, sous la houlette de Marc
Buonomo, le chef du projet du viaduc chez Eiffel.
Pour faire face à la charge de travail
"exceptionnelle" l'usine alsacienne du groupe
Eiffage a engagé jusquà 50 intérimaires,
"recrutés auprès de sociétés de travail
temporaire spécialisées en chaudronnerie et encadrés
de près de façon à maintenir le niveau de
qualité", explique Pascal Lepers, le directeur de
l'usine Eiffel.
C'est l'expérience de Lauterbourg qui lui a permis de
respecter le délai de réalisation de 39 mois. Eiffel
compte en effet à son actif le Pont de lEurope à
Orléans ou plusieurs ouvrages dart sur les lignes
TGV. Le viaduc de Millau est déjà de lhistoire
ancienne à Lauterbourg où l'on va prochainement
s'attaquer, entre autres, au 6ème pont de Rouen sur la
Seine et au 37ème de Paris, qui reliera le quai de Bercy
à la Très Grande Bibliothèque.
"Bien sûr, le fait dabriter un atelier de
construction métallique de 230 mètres de long a
compté, mais le marché de Millau, nous le devons
dabord à la valeur de nos équipes", se
félicite M. Lepers qui voit dans le viaduc de Millau la
récompense dune tradition locale de transmission
de savoir-faire entre générations.
Chaque année, Eiffel/Lauterbourg accueille une dizaine
dapprentis -ils sont 15 actuellement- qui se
forment, au contact de leurs aînés, au métier si
particulier de la construction de grands ponts. "Ils
peuvent pousser leur formation jusquau BTS et ils
ont lassurance dêtre embauchés à
lissue de leur apprentissage, dès lors quils
respectent leur part du contrat. Il ne dépend que
deux de saisir leur chance", explique Pascal
Lepers.
Les recrutements sont devenus plus réguliers à partir
du milieu des années 1990. "Auparavant, nous
subissions la désaffection pour nos familles de métiers
et la conjoncture était moins favorable, si bien que
notre pyramide des âges connaît un certain +trou+ dans
la tranche des 40/50 ans", note le directeur de
l'usine.
Lembauche dapprentis répond à trois
objectifs, explique-t-il : assurer une "légère
progression" des effectifs à la faveur de la bonne
activité du site aujourdhui fort de 240 salariés
; compenser les départs en retraite des premiers
employés de lusine ouverte il y a quarante ans ;
mais aussi contrer la défection de salariés attirés
par lAllemagne toute proche et ses rémunérations
supérieures.
"LAllemagne, par le passé, nous a pris un
certain nombre de jeunes qualifiés. Le phénomène est
moins important aujourdhui, on assiste même à des
retours" de travailleurs frontaliers, observe
cependant Pascal Lepers.
|
Un chantier sous haute
surveillance météo
MILLAU (AFP),
le 13-12-2004
Durant 3 ans, la
construction du viaduc de Millau s'est déroulée sans
encombre mais la partie aurait pu s'avérer beaucoup plus
difficile sans l'assistance de Météo-France, qui, sous
contrat avec le concessionnaire Eiffage, participe à
l'aventure depuis plusieurs années.
"Sans l'assistance météo de la station de
Millau-Soulobres, on aurait pu mener le chantier à bien
mais avec un risque complémentaire, et beaucoup plus
d'imprécision dans les prévisions", estime
aujourd'hui le directeur de projet du groupe Eiffage,
Jean-Pierre Martin.
"Fin 1997, l'organisme public à l'origine du
projet, l'arrondissement interdépartemental des ouvrages
d'art, nous a contactés afin de nous exposer ses besoins
en météorologie", se souvient Jean Marchionini,
chef du centre départemental de Soulobres.
Pour une gestion optimale du chantier, de début 2001 à
fin 2004, Météo-France a fourni à Eiffage des
bulletins quotidiens: prévisions de temps très
précises à 2 jours ou encore prévisions de vent à 5
jours par tranches de 3 heures.
Si depuis novembre Météo-France est revenu à une
assistance plus classique, liée à l'exploitation de
l'ouvrage, durant la phase de construction,
l'établissement public a multiplié les innovations: des
outils spécifiques ont dû être conçus tels certains
logiciels de calculs, mais surtout "une veine
hydraulique".
Cette veine hydraulique, élaborée à Toulouse, est une
maquette au 3.000e du relief de la région. On y a fait
couler de l'eau chargée de petites billes. Par laser, on
a ensuite mesuré la vitesse et la trajectoire des
billes, avant de reconstituer la façon dont l'air
s'écoule dans la vallée.
"Une étude en veine hydraulique, ça ne s'était
jamais fait en France pour un ouvrage d'art", assure
M. Marchionini, pour qui "ce type d'assistance au
quotidien est quelque chose de high-tech et totalement
nouveau".
Les météorologues ont mesuré l'influence des piles du
viaduc sur l'écoulement de l'air afin de disposer au
mieux les immenses grues -la plus haute dominait à 265
mètres- et "les sortir autant que faire se peut des
tourbillons générés par la présence des piles".
"Selon les prévisions, on changeait le type de
manutention des grues. Par exemple, en cas de vent, on
évitait de transporter des panneaux de coffrage, à
forte prise au vent", témoigne M. Martin.
"Comme le centre départemental est près du viaduc,
à un gros kilomètre au nord, on a pu calculer la
vitesse et la direction du vent en tout point du viaduc,
avec une erreur inférieure à 5%", se félicite M.
Marchionini.
Pour le technicien, "fier d'avoir relevé le défi
du viaduc de Millau", l'expérience a été
"très prenante car il a fallu répondre à des
demandes non classiques".
Alors que le modèle numérique habituel de
Météo-France permet une prévision à trente
kilomètres près, "ici le degré de précision a
tourné autour de la centaine de mètres!".
L'assistance météo a été "hors-norme, à la
hauteur de cet ouvrage d'art."
|